Jessy Deshais

Exposition du 22 septembre au 31 octobre 2023
Vernissage le jeudi 21 septembre 2023, à partir de 18h

© AtelierFindArt

Illustration installation fiction

Jessy Deshais développe depuis plusieurs années un corpus d’œuvres diverses comme l’expression mêlée de son bonheur de vivre et de sa profonde désillusion face au monde.

Porter un regard sur l’inexistant, contre-balancer les visions en leur accordant un temps précieux révélant leur beauté. Faire avec rien ou presque et opposer violence à fragilité, douceur à lourdeur comme quête permanente d’équilibre.

Anticorps : substance défensive engendrée par l’organisme en présence d’un antigène dont elle neutralise l’effet toxique.

L’effet toxique engendré par l’organisme ou par un quotidien antalgique, Jessy Deshais l’exploite, le dessine, l’écrit. Le vaccin contre l’abêtissement humain n’est pas encore d’actualité. Contre cette incessante épidémie du malheur, contre les robustes bactéries du monde, Jessy D se bat. Blouse blanche et collection de pastilles alimentent son quotidien.

Elle transcende le mal par le travail. L’infection d’une époque, elle l’écrit sur chemise blanche. L’ordonnance de ses années de combat contre un corps qui sature, l’anesthésie du temps par ces dénommés confinements, on en demande trop. Trop de rendez-vous médicaux, trop d’informations à la radio, la pilule est dure à avaler.

Entre les lignes d’une chemise blanche trop blanche, Jessy écrit ses mémoires. Elle mêle les maux du monde à ses mots. Elle fuit le mal de vivre par la rédaction d’un chemin de vie sur coton.

Entre anecdotes, ordonnances et dates, Jessy écrit le temps. Le temps qui passe, le temps qui attend que les antioxydants fassent leur travail pendant que les experts parasitent les ondes.

C’est donc ça la vie ? Être confiné dans une chambre en 4 par 3, être entouré de blouse blanche et de petites pilules, être animé par des rendez-vous avec des médecins allopathiques ?

Jessy D nous livre la carte mentale d’un monde dans lequel on se perd. D’un trop-plein d’informations, de plaquettes et de blouses. Elle contre-balance les visions en leur accordant un temps précieux révélant presque la beauté de l’hostile. Elle n’est pas à la recherche du temps perdu mais à la poursuite du soleil, celui qui faisait rougir ses joues lors d’un verre en terrasse, celui qui donnait aux cigarettes un goût de septième ciel.

Face à la pandémie, sa maladie n’est qu’une petite chemise dans un gros dossier appelé « Santé ». Si certains portent leur croix, Jessy porte sa chemise.

Puis à quoi bon se rendre malade une deuxième fois. Le 24 mai 2023, elle éteint les infos et sort prendre l’air dans un monde où les maux deviennent des complots.

Marine Houenard